vendredi 7 mars 2008

le port du masque

Le pompier Marcel Marleau aurait pu survivre à l'embrasement tragique de janvier 2006 s'il avait porté la partie faciale de son appareil respiratoire, conclut la CSST dans un rapport blâmant le Service d'incendie de la Ville de Montréal.


Dévoilé hier, le rapport de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) reproche aux pompiers d'avoir ignoré plusieurs règles. «L'intervention est effectuée sans respecter les directives et les normes en vigueur et sans appliquer les règles de l'art», peut-on lire.

Le rapport écorche le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM). «Le SIM n'a pas assuré une bonne supervision quant au port de l'appareil respiratoire», précise le porte-parole de la CSST, Daniel Legault. La CSST leur reproche d'avoir négligé l'importance du port du masque auprès des pompiers montréalais. La fumée et l'odeur auraient pourtant dû convaincre les pompiers de revêtir leur appareil respiratoire, notent les auteurs du rapport.

Dans la nuit du 21 janvier 2006, les pompiers des casernes 14 et 18 répondaient à un appel pour un incendie au 12 495 Langelier à Montréal-Nord. Les pompiers ont remarqué une «odeur inconnue» dès leur arrivée. Ils ont tout de suite défoncé la porte de l'appartement numéro quatre d'où provenait de la fumée. La CSST note que les pompiers auraient dû disposer d'une lance alimentée en eau avant d'entrer dans le logement.

Selon la chronologie refaite par la CSST, les pompiers ont ensuite eu besoin de sept minutes pour découvrir la fumée se dégageant d'un divan. Les pompiers ont alors décidé de le jeter par la fenêtre, mais des flammes sont alors apparues.

Les flammes ont entraîné sur-le-champ l'embrasement des gaz accumulés au plafond. «La flamme se transforme en une colonne de feu qui monte du divan jusqu'au plafond qui s'enflamme. La pièce est en feu et l'eau réclamée en est au niveau de la porte d'entrée du bâtiment», peut-on lire. À ce moment, la partie faciale de l'appareil respiratoire de Marcel Marleau repose sur son épaule et il se trouve dans la trajectoire du feu. Les deux autres pompiers présents dans la pièce portent toutefois leur appareil.

La partie faciale de l'appareil respiratoire permet de résister pendant 10 secondes à des flammes allant de 800 à 1150 degrés Celsius. Le capitaine Marleau a été exposé à des flammes d'environ 600 degrés Celsius.

Les pompiers racontent avoir entendu le capitaine Marleau crier et l'avoir vu se réfugier dans la cuisine. Un pompier non identifié dans le rapport a tenté de l'«attraper» sans succès dans la minute suivante. Un confrère muni d'une lance a pour sa part tenté d'arroser vers la cuisine.

Selon le rapport, les pompiers n'ont plus entendu le capitaine Marleau environ une minute après l'embrasement. Le pompier Marleau est décédé asphyxié sur le plancher de la cuisine. Son corps inerte a été retrouvé environ 75 minutes plus tard.

La CSST reproche plusieurs autres manquements aux pompiers. L'officier commandant a mal assumé son rôle, selon la commission. Les pompiers ont aussi effectué des manoeuvres en solo, alors qu'ils doivent toujours travailler par paire. La CSST note aussi un délai «anormalement long» pour l'approvisionnement en eau.

La CSST a imposé une amende de 5000 à 20 000$ au Service de sécurité incendie. Le SIM conteste toutefois ce montant et un juge de la Cour du Québec devra le déterminer.

Le SIM a refusé de faire des commentaires hier. Sa porte-parole, Josée Gosselin, a indiqué que le service réagirait dans les prochains jours. Le syndicat des pompiers a accusé le directeur du SIM, Serge Tremblay, de «manquer de leadership» en refusant de commenter.

La CSST souligne néanmoins que le SIM a mis des mesures en place pour faire respecter le port du masque parmi les pompiers . Le décès du capitaine Marleau avait semé la consternation parmi ses confrères.


NDLR : Voici le compte-rendu d'une enquête qui m'a été transmise par notre ami Marco des Yvelines , suite à l'accident mortel d'un collègue québécois .Pour info un capitaine au Québec est un sous-officier chef d'agrés correspondant au grade d'adjudant chef en France et qu'il forme contrairement à chez nous un trio indissociable avec le binôme dont il a la responsabilité .
On peut voir que la commission n'hésite pas , de manière indépendante et publique , à "mettre le doigt là où ça fait mal " pour dénoncer toute faute ou manquement . Cela n'a qu'un seul but : que cela ne se reproduise pas ! Belle démarche , car chez nous la réactivité à des enquêtes (aux résultats souvent confidentiels) n'est pas toujours aussi évidente . Le SSIM est connu pour sa démarche pro-active et particulièrement sécuritaire ; le procès qui lui est fait est , me semble t'il injuste , pour preuve je vous mets en rappel le lien d'un précédent article sur une campagne de sensibilisation au port de l'ARA.